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Lenka Novakova

Mon œuvre se tourne vers ce qui ressort de la contemplation, de la qualité éphémère d’un moment poétique et de ce qui existe en dehors de l'espace imaginable du temps et du verbe.  Je m’intéresse plus à recréer qu’à représenter la pensée réfléchie et son effet par le biais d’un milieu construit, une technologie simple et une lumière en mouvement, avec des incursions dans le domaine des technologies du cinéma et du théâtre. C’est à l’intérieur de ce motif que j’examine et j'explore, par le mouvement de la lumière, les qualités d’un espace, de l’environnement architectural et de l’installation. L’espace est transformé et déconstruit par la lumière qui l’accentue, l’occupe, l’illumine et le dramatise. La lumière conditionne aussi la façon dont nous percevons le monde et la façon dont nous nous sentons. Je m’intéresse à la lumière en tant que véhicule de perception tout autant que de représentation et son impact sur la transformation visuelle et architecturale de l’espace tout autant que sur nos sens et notre perception.

Une part importante de mon œuvre en cours découle de ma recherche sur les concepts de l’écran dans le contexte du cinéma et des arts visuels. Au cinéma, l’écran sert à la division de l’espace ; un espace illusoire sur l’écran qui représente l’espace tridimensionnel du monde réel. Dans le concept de cette installation l’écran s’éloigne de ces conventions. Il nie l’existence d’un écran bidimensionnel et prend forme comme objet fonctionnant en tant qu’écran tridimensionnel. Cette dichotomie objet/écran modifie la perception visuelle de l’image projetée et offre une possibilité élargie de répartition de l’espace. C’est cet aspect de mon œuvre qui examine la relation spectateur/œuvre/espace dans l’intérieur submergé d’une expérience construite. Elle cherche à explorer le lien entre une œuvre à éclairage spécifique et l’environnement, le lien entre objet et spectateur, tout autant que les aspects de perception visuelle et d’observation physique.

Rivière

Rivière est une investigation des dimensions de la contemplation à l’intérieur de l’espace d’une salle d’exposition. L’œuvre tente de saisir la rivière en tant que métaphore du flot de la pensée et du flot du temps qui avance, tourbillonne et passe.  Le temps demeure-t-il immobile à l’intérieur de la dimension infinie de l’esprit contemplatif ? On peut se poser la question. En tout premier lieu, l’œuvre vise à comprendre l’essence de l’élément naturel d’un espace ouvert pour recréer cette dimension à l’intérieur des murs de la salle d’exposition et la pensée du spectateur. Un peu à l’exemple du mot contemplation qui tire son origine de la racine latine templum (suite du grec temnein = couper, diviser), et qui signifie séparer quelque chose de son milieu et l’enfermer dans un secteur, mon œuvre tente de ‘traduire’ la nature intrinsèque d’un élément ou d’un moment dans un concept muséal d’exposition ou d’expérience. Elle veut aussi atteindre et communiquer par le biais d’un langage visuel et sa nature minimaliste plutôt que par la complexité de la langue parlée elle-même.
Les idées qui découlent de Rivière se retrouvent dans les œuvres de deux espaces d’exposition : Rivière – Les tourbillons du temps dans le principal espace d’exposition de la Galerie et Rivière – Le miroir du ciel dans l’espace Black Box. L’exposition s’ouvre sur un poème de Julie Danlop : Contemplation of the Duet of the River and The Sky en tant qu’introduction et âme sœur poétique de l’installation dans l’espace Black Box.

Présentée dans l’espace principal, Les tourbillons du temps est une installation vidéo à voies multiples formée de hautes structures coniques disposées à la grandeur de l’espace d’exposition. La forme conique et la qualité optique des objets, ajoutées à l’image projetée, créent l’illusion que la lumière tourne en spirale dans l’espace. En pénétrant à l’intérieur du champ de projection, les participants absorbent la lumière projetée et diffusent leurs propres ombres sur les structures illuminées. L’expérience visuelle apparaît très linéaire pour la plupart mais l’œuvre se veut la prémisse d’une expérience perceptive variable selon l’interaction de chaque individu. Mon intention est de traiter l’espace de la pensée du spectateur comme un paysage vierge ouvert à des  associations plus vastes que le concept de l’œuvre, pour atteindre l'espace contemplatif qui lui est personnel.
Le miroir du ciel, dans l’espace Black Box, est une installation vidéo à deux voies alliant des structures sculpturales et des technologies de projection pour réaliser une expérience sensorielle au sein de cet espace. Elle est formée de deux larges prismes, instruments optiques qui articulent la relation entre la rivière et le ciel pour créer un dialogue entre les deux éléments. Elle tente de recréer l'aspect contemplatif du phénomène au moyen d’une lumière projetée en mouvement. La disposition de l’installation remet en question la perception de l’espace chez le spectateur par le biais de la diffraction, la réfraction et la réflexion en créant une illusion optique en tant que véhicule qui réunit la pensée réfléchie et la contemplation.

Traduction : Monique Nadeau-Saumier

Nous remercions de son soutien le Conseil des Arts du Canada, qui a investi 37,8 millions de dollars l'an dernier dans les arts au Québec.
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