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Nancy Anne McPhee – Une mer obscure
Une mer obscure comporte une série de tableaux d’installations de dessins sur courtepointes en 'trapunto' et la construction d’une Bibliothèque de fond et de genre.
Des représentations de Architeuthis dux, ou calmar géant, tirées de sources historiques et contemporaines, tant fantastiques qu’actuelles, sont à la base des objets confectionnés en courtepointes. Ces corps méconnaissables, tirées d’un milieu hors de notre portée, sont présentés en tant que beaux et monstrueux à la fois. Cette manifestation rappelle la tentative historique de percevoir une chose au-delà de l'habituel concept humain du corps animal. Les courtepointes sont intrinsèquement associées à la fragilité du corps en tant qu’objets construits pour protéger le corps dans son sommeil. Elles sont aussi un signe matériel de la communauté féminine et de l’histoire familiale. Par l’utilisation de la méthode de courtepointe 'trapunto' en soie pour dessiner le corps de l’autre animal, on obtient un intermédiaire ou une métaphore de l’anxiété touchant les formes corps/beauté inconfortables et inusitées, et notre propre espace de confort et de sécurité.
La Bibliothèque de fond et de genre est une scala de recherche. Une accumulation en échelle de livres, de jouets et de vêtements faits main propose un récit sélectionnant au travers de lignes de pensée comment le corps et le genre débordent la structure de la connaissance (lignes, livres, mots). Encadré dans la bibliothèque on trouve un personnage travesti costumé qui met en doute la structure du genre, une taxinomie sévèrement réduite ne laissant que l’illusion sociale d’originalité et d’authenticité.
Une mer obscure produit un chevauchement de représentations : les replis de la peau, le reflet de l’eau, et l’affaissement des corps dominent un arrière-plan formé de la présence persistante d’une nature mythologique idéalisée, rendue commune par son apparition sur du papier tenture et des objets en courtepointe. C’est au travers de l’installation que ces multiples perspectives du corps s’accumulent pour mettre en doute la méthodologie d’un ordre venu de l’intérieur.
Traduction : Monique Nadeau-Saumier
© Concordia University