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Gauche : Tammy Salzl, The Chorus, 2011, huile sur toile, 152 x 213 cm Droite : Emily Jan, Selkie, 2012, roseau, bois, zip ties, résine, 152 x 46 x 46 cm
À propos Dans cette exposition conjointe que monteront Tammy Salzl et Emily Jan, huiles de grandes dimensions et installations sculpturales livreront un récit détaillé sous forme de chroniques du monstrueux. À l’évidence, l’ambiguïté entourant les histoires de monstres présente un intérêt particulier pour les deux artistes. Le monstrueux – soit tout ce qui est inconciliable avec le statu quo social – relève du domaine inéluctable des anomalies, de l’Autre, de l’inconnu, de l’incompris ou de l’objet de crainte. En tant qu’artistes, Tammy Salzl et Emily Jan se rejoignent dans la sympathie qu’elles éprouvent; toutes deux compatissent et s’identifient avec ce qu’on a relégué à la marge. Pour elles, c’est paradoxalement là que se rencontre le sentiment d’humanité dans sa forme la plus profonde. L’exposition falling through the mirror incarne cet autre monde créé par Tammy Salzl et Emily Jan. Représentant avec force détails des scènes quelque peu macabres à la manière de vignettes, les grandes toiles de Tammy Salzl tapissent les murs et nous cernent. De même, il est impossible d’échapper aux figures zoomorphes fabriquées à la main par Emily Jan. Ainsi, les œuvres favorisent l’immersion, nous conviant à passer de l’autre côté du miroir pour entrer dans un monde dont il est difficile de dire s’il s’agit du nôtre, d’une réalité parallèle, ou des deux à la fois.
Emily Jan Le temps d’un chuchotement, le merveilleux croise le monstrueux, puis s’en éloigne. Le temps ralentit. Dans son sommeil, le rêveur sent son corps en suspension. Il tombe et flotte entre deux mondes, à la frontière entre l’émerveillement et la terreur. Nous avons tous vécu ces expériences, vite oubliées par nos esprits éveillés. La raison domine depuis longtemps le monde occidental. Toutefois, elle compte peu dans l’expérience humaine et ne laisse aucune place à l’Autre. Mes œuvres récentes portent sur des thèmes qui peuvent être perçus comme féministes ou postcoloniaux. Pourtant, il y est moins question de la relation entre la femme et l’homme ou entre le colonisateur et le colonisé que de l’opposition entre le milieu sauvage et la civilisation. En quelque sorte, elles relancent au visage de soi-disant dompteurs ce récit qu’ils nous imposent violemment dans l’intention de nous dompter, de nous assagir. Comment aborder le milieu sauvage de l’intérieur même de la civilisation? Un problème semblable se pose lorsqu’on veut traiter du sublime à partir d’un réel très émoussé et banal, auquel on ne peut se soustraire que temporairement. Je m’intéresse d’abord et avant tout à cet espace où récits et réalité se chevauchent et se brouillent : la jonction entre le probable et l’improbable, le lieu où les animaux entrent dans le mythique et où les légendes déteignent sur la vie quotidienne. Pour moi, le sublime prend naissance à cet endroit où le connu touche à l’inconnu.
Tammy Salzl Les histoires que nous nous racontons sur qui nous sommes, qui nous étions et qui nous devenons sont implicites dans mon travail. La manière dont nous nous identifions par rapport à nos congénères, aux autres espèces et à notre environnement me fascine et me trouble. Je considère les œuvres de ma nouvelle série comme des vignettes, de véritables paraboles tirées d’un livre de contes décrivant une société tordue et chaotique. Ces récits s’inspirent de la vraie vie : environnement moribond, psychologies sociales fragmentées, esprit indomptable, familles éclatées et potentiel illimité. Pour moi, les sujets de ces « instantanés » sont des créatures naïves. Seuls, anxieux, vulnérables, féroces ou forts, blessés, vainqueurs, barbares ou innocents, ils sont les reflets de nos ego versatiles. Par la peinture, j’arrive à créer des mondes fantastiques qui traduisent ma vision de l’humanité. J’explore la zone trouble de l’identité et de la psyché, et je tire sur les fils ténus qui relient la civilisation à la nature. Grâce à l’alchimie picturale, j’épure la culture populaire, la mythologie, l’histoire ainsi que mon propre paysage interne pour construire des récits familiers, mais troublants.
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