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Every Foot of the Sidewalk: boulevard Saint-Laurent (2010-2012)
Detail from working map of Every Foot Of The Sidewalk: boulevard Saint-Laurent, 2010-2012
À propos Dans son expo Every Foot of the Sidewalk: boulevard Saint-Laurent (2010-2012) (« chaque parcelle de trottoir : boulevard Saint-Laurent, 2010-2012 »), Philippe Guillaume s’engage dans une triple intersection : photographie, marche et espace urbain. Pour lui, la photo et les pas sont manifestement liés à l’espace urbain. En effet, la première fixe son objectif sur la ligne d’horizon – quand, l’espace d’un instant, passé et futur du présent ne font plus qu’un –, et les seconds adoptent un rythme qui s’oppose au mouvement frénétique de la métropole moderne. Dans cette exposition augmentée du mémoire de maîtrise que Philippe Guillaume a présenté dans le cadre de son programme d’études individualisées, l’installation de l’artiste décline des documents photographiques, vidéo et référentiels.
Projet Que divulgueraient les trottoirs de ma rue si, en l’absence de tout être humain, des photographies en décrivaient la quintessence? Importante voie de communication montréalaise, le boulevard Saint-Laurent est pétri d’histoire et de culture. Il est aussi nimbé de l’aura de toutes ces personnes qui, de génération en génération, y ont vu une destination ou y ont simplement déambulé. Ligne imaginaire qui pour les uns divise et pour les autres unit, ce théâtre urbain offre de multiples spectacles. Je veux découvrir ce que la photo et la marche révèlent de ce lieu phare lorsque le passant – élément essentiel – le déserte. En effet, tandis qu’il arpente la ville, le promeneur croise des espaces publics qui, parce qu’ils sont vides, cessent soudain de remplir leur fonction première. D’écrire Rebecca Solnit : « La ville postpiétonne est non seulement muette, mais menacée de devenir une langue morte. » Autrement dit, l’espace public désert devient lieu de dystopie, et le trottoir vide, scène inhabitée. Dans le cadre de mon projet, je présente les trottoirs – ou plutôt des segments de ceux-ci dépouillés de toute présence humaine – du boulevard Saint-Laurent, cette artère populaire où j’habite et que les Montréalais surnomment « la Main ». Mon travail de recherche-création fait appel à la photo, à la marche à pied, au temps et à l’espace.
Durant les deux années au cours desquelles j’ai pris des clichés, les gens m’arrêtaient souvent pour m’interroger sur ce que je photographiais. Certains sortaient de chez eux en se demandant pourquoi je prenais une photo de leur maison depuis le trottoir d’en face. La plupart témoignaient un réel intérêt à découvrir mes travaux. Cependant, bon nombre se montraient perplexes quand j’expliquais que ce n’était pas leur maison, mais bien le trottoir vide longeant leur maison, que je voulais immortaliser. C’est ainsi que mon projet a donné lieu à une forme d’activité sociale spontanée amenant des étrangers à échanger et à réfléchir sur l’art. Et, alors que les fruits de cette expérience visuelle commençaient à prendre forme, j’ai été frappé de constater une sorte de changement catégorique. L’absence de personnes dans le cadre rappelle en effet un élément distinct de l’histoire de l’art canadien qui remonte à la peinture de paysages. La série jette un pont entre les représentations de la ville et de milieux naturels. Ainsi, sans aucune présence humaine visible sur ses trottoirs, le boulevard Saint-Laurent montre un aspect sauvage qui lui est propre. Maintenant que l’œuvre est achevée, cette exploration de la photographie et de la marche fait également ressortir un paradoxe lié au vide de la représentation photographique. En effet, même si elle n’a jamais été imaginée comme un symbole de l’aspect émouvant de l’absence, Every Foot of the Sidewalk révèle le pouvoir des espaces dans lesquels nous mettons en scène notre quotidien. Lorsqu’[un ou une] photographe sort se promener avec un appareil photo pour prendre des clichés, [il ou elle] a un objectif ou une destination précis [en tête]. On peut imaginer la destination, mais on ne l’atteint jamais vraiment. Tom Gibson, False Evidence Appearing Real 1 1. Tom Gibson, « A Conversation with Tom Gibson, Annotated by Martha Langford », dans False Evidence Appearing Real (Ottawa : MCPC, 1993), 97.
Événement Sur le boulevard – photographie, balade et échange sur la recherche et la création : Une conversation : Philippe Guillaume avec Martha Langford, titulaire de la chaire de recherche et directrice de l’Institut de recherche en art canadien Gail-et-Stephen-A.-Jarislowsky : Mercredi le 16 janvier, 18h Galerie principale Mme Martha Langford, titulaire de la chaire de recherche et directrice de l’Institut de recherche en art canadien Gail-et-Stephen-A.-Jarislowsky ainsi que professeure au Département d’histoire de l’art de l’Université Concordia, s’entretiendra avec Philippe Guillaume. Son rôle de directrice de mémoire, entre autres responsabilités et distinctions, conférera autant de dynamisme que de pertinence à cette conversation sur l’œuvre à l’étude, la pratique de la recherche-création et l’interaction historique de ces deux disciplines.
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